Dans nos régions, depuis le Moyen-Age, les moulins ont été un élément primordial pour la vie de nos communautés locales. Vitaux pour la production de farines, d’huiles… chaque village de notre entité comptait au moins un moulin. Si aujourd’hui on n’en trouve plus de traces à Bois-de-Lessines ou Houraing par exemple, on peut encore en trouver des vestiges importants à Papignies ou Deux-Acren. A Lessines, les traces les plus imposantes sont certainement celles du moulin à vent dit Dooms à la rue Georges Kugé (et visible depuis la Grand Rue). Les propriétaires, les frères Dooms, originaires de Schiedam aux Pays-Bas s’installèrent à Lessines en 1784 et y développèrent leur industrie de distillerie et de meunerie. En 1833, on signale à Lessines « un moulin qui est unique en son genre dans le pays : il pourrait consommer les graines de plusieurs provinces s’il fonctionnait constamment… ».
Mais, le plus ancien de Lessines est très probablement, le Moulin Williame, de type moulin à eau (il est mentionné dans un acte datant de 1089). Il existait en fait deux moulins à cet endroit sur la Dendre (près de l’Hôpital ND à la Rose) : un grand et un petit. Le second moulin n’était qu’une dépendance du premier, tous deux étant mus par la même chute d’eau. Le grand moulait le blé (pour les hommes) ; le petit moulait l’orge, les écorces, etc. (nourriture des animaux et divers usages).
Ces moulins sont mentionnés en septembre 1284 dans le Vieil Rentier des Sires d’Audenarde, accompagnés d’un dessin. Ces moulins furent détruits en 1303. Suite à cette destruction, on dut remettre en état le moulin à eau d’Houraing, en attendant la reconstruction des moulins qui ne furent remis en activité que vers 1345. Depuis cette époque, les moulins à eau de Lessines ont toujours conservé le même emplacement. On peut les situer correctement grâce à un dessin reproduit sur un plan de la Ville de Lessines datant du milieu du XVIIe S.
Il faut savoir qu’il existait également un tordoir à huile à proximité des moulins, hors des remparts, sur l’île formée par les deux bras de la Dendre. Ce tordoir existait dès le XIIIeS.
Propriété du seigneur de Bois-de-Lessines, ce tordoir fut détruit par faits de guerre au XVIIe S. Il fut reconstruit en 1715 par le sieur Philippe François, bourgmestre de Lessines. Au XVIIIèS., les moulins et le tordoir étaient les seuls en activité à Lessines.
Pendant la période d’occupation française, les moulins furent mis en vente publique comme biens indivis. Les moulins et le tordoir furent acquis le 28 thermidor de l’an 11 de la République (18 août 1803) par le sieur Dumortier. Le tordoir fut incendié le soir du réveillon de Noël 1872.
Les moulins furent encore mis plusieurs fois en vente et devinrent finalement propriété de M. J. Williame en 1899. Cinq ans plus tard, en 1904, le nouveau propriétaire fit remplacer la grande roue à aubes du moulin par une turbine. Le meunier Williame exploita le moulin jusqu’en 1952.
Ce « double moulin » dont nous venons de conter l’histoire est également à l’origine du nom de la rue : tout d’abord « rue du Molin », puis « rue du Moulin » et enfin telle qu’on la connaît aujourd’hui « rue des Moulins ».
Sources : Cercle d’Histoire de l’entité de Lessinoise (CHEL), n°29, 1987 ;
Moulins en Hainaut, HANNONIA, 1987 ;
Archives du musée de l’Hôpital Notre-Dame à la Rose.