A l’occasion de la nouvelle exposition ‘Albarelles, chevrettes and Co’ mise sur pied à l’Hôpital ND à la Rose, arrêtons-nous quelques instants sur quelques remèdes qui, aujourd’hui, pourraient nous sembler aussi bizarres qu’étranges.
Nous aborderons 3 ingrédients issus des 3 règnes présents dans la nature : végétal, animal et minéral
Mirobolant : cet adjectif, passé dans le langage courant, désignait jadis le fruit d’un arbre qui croît dans les Indes Orientales et qui ressemble à un prunier. Ce fruit, séché, est de forme ovale et ressemble à une olive. On retrouve donc ce nom, en abrégé, sur plusieurs pots de pharmacie exposés dans la grange de l’Hôpital.
Ce remède était très utilisé pour libérer le ventre en douceur, car il est rafraichissant purgatif et … resserrant ! Il fallait concasser ce fruit et le laisser infuser. Et on le donnait, soit dans 6 onces de liqueur, soit en poudre, pour soigner dysenterie et diarrhée et purger les mauvaises humeurs. Mirobolant, n’est-il pas ?!
La cantharide officinale: un coléoptère d’une couleur vert brillant. Cet insecte secrète une substance toxique, vésicatoire, la cantharidine. Ce poison violent provoque des brûlures sur la peau et est très dangereux pour les yeux.
Hippocrate recommandait d’ailleurs la prudence dans son usage et sa posologie : 3 mouches dans 3 verres d’eau ou de vin en cas d’hydropisie (= oedème). Comme exutoire, révulsif et vésicatoire, la cantharide était aussi indiquée contre les péripneumonies, l’apoplexie, les maux de dents, d’oreille etc…
De plus, on attribua à la cantharidine des propriétés
« aphrodisiaques ». Une réputation surfaite et dangereuse! L’absorption de poudre de cantharide a des conséquences bien plus pathogènes (inflammations des voies urinaires, vomissements…) qu’érotiques.
Le marquis de Sade fut d’ailleurs embastillé pour empoisonnement après avoir offert des bonbons à la cantharide à 4 femmes lors d’une soirée.
L’antimoine, un métalloïde d’aspect blanc argenté et cassant, fut longtemps utilisé dans la préparation de vin émétique, pour faire vomir un malade. Aux 16e et 17e siècles, une longue et virulente querelle opposa les partisans et détracteurs de ce remède : fébrifuge sudorifique et émétique pour les uns et poison pour les autres.
En 1658, les débats prennent fin. L’antimoine guérit et sauve ‘miraculeusement’ le roi Louis XIV d’une mauvaise fièvre ; aussitôt, un décret signé par le roi en autorise la vente et l’emploi en médecine.