Tranche de vie, part de culture à Lessines - Le Pavé

Tranche de vie, part de culture à Lessines

Pour des raisons professionnelles, je devais déménager, changer de secteur. De Bruxelles capitale, mes affaires m’envoyaient vers la campagne et je dois avouer que cela ne m’enchantait guère : la ville et ses lumières me manqueraient sûrement. L’entreprise pour laquelle je travaillais m’avait trouvé une maison dans la petite ville de Lessines. J’avoue, honteusement, que je n’avais jamais entendu ce nom, ou alors, très vaguement, un peintre surréaliste en provenait, je pense. Un certain René Magritte.

Ce que j’ignorais totalement, encore, c’est que cette ville allait jouer un rôle important par la suite, dans ma vie, ma vision des choses et allait m’entraîner vers des destinations auxquelles je ne pensais pas.

Pour vous permettre d’arriver, je dois dire que l’accès y est facile, l’A429 dessert l’endroit de la plus agréable des façons. Des panneaux indiquent la direction à prendre, la sortie de Bassilly vous accueille, ou la suivante, celle de Lessines-même ! Je suis arrivé un samedi matin en plein centre-ville alors que le marché du coin battait son plein. La camionnette dans laquelle je transportais la majeure partie de mes effets personnels attira l’attention, mais l’ambiance y était bon enfant, et on m’indiqua très amicalement l’endroit où je devais me rendre.

La maison que j’occupais était dans une des rues adjacentes, non loin du superbe Hôtel de ville qui trônait fièrement, tel un prince, au centre de la ville ! Mon installation ne prit guère de temps, aidé par un voisin amical, trop heureux de m’aider et d’accueillir un nouvel arrivant, « de Bruxelles… une fois », s’esclaffa-t-il, tout heureux de son jeu de mots !
L’air était doux, en ce samedi. Le reste prendrait place aisément, mais ça, je l’ignorais encore.

Dès le lendemain matin, j’eu le choix entre les diverses boulangeries-pâtisseries qui régalèrent mon palais de viennoiseries au beurre, riche en saveur et l’odeur du café finit par me faire prendre la décision d’aller me promener dans le coin. Je pris ma camionnette et rendis visite aux villages avoisinants : Bois de Lessines, dans un premier temps et son superbe château de Lestriverie encore habité par un Marquis, ainsi que son église. Deux Acren, ensuite, et son clocher particulier où regardaient au loin deux superbes coqs. Ogy et Ghoy et le merveilleux paysage de champs, de prés et cette verdoyante nature, véritable poumon vert du coin. Ce bien nommé « Pays des Collines » !

Château de l’Estriverie

Je me promis de continuer, une autre fois, ma visite à Ollignies, Wannebecq et Papignies. Car ces autres villages ne manquaient pas d’intérêt selon l’Office du Tourisme et ses précieux renseignements. Mais mon intérêt momentané allait vers Lessines et son incroyable Hôpital Notre Dame à la Rose, aussi beau que celui des Hospices de Beaune, avais-je entendu dire, son patrimoine riche en peintures, en collections diverses, et à cette volonté farouche de faire connaitre à tous ce patrimoine indispensable à l’Histoire de la région, par delà les frontières. Je passai devant le fameux chargeur à bateaux, que la brochure touristique m’avait vantée, à raison d’ailleurs, et parlant encore de la vie des carrières d’aujourd’hui et d’autrefois…

Laissant mon véhicule le long de la Dendre, j’arrivai à une grande porte cochère peinte en vert. Des gens y rentraient et en sortaient le sourire aux lèvres. Il semblait y avoir une activité peu commune qui tranchait avec le calme de la ville. Un chapiteau était installé au centre de la cour et un concert était donné. Les spectateurs assis confortablement sur des bancs faits de palettes, un verre de bonne bière locale (je m’étais renseigné auparavant sur les habitudes du coin) à la main, écoutaient en cadence les groupes qui se relayaient dans une ambiance « bon enfant » très agréable !

Il ne me fallu pas très longtemps avant de partager quelques mots avec un « habitué » qui n’hésita pas à me parler du Centre Culturel de Lessines et de son activité trépidante. Lui-même venant d’un autre coin de la Belgique, il avait posé ses valises depuis de nombreuses années et s’était intégré très facilement dans le « paysage local » ! Ce que je comprenais surtout c’est que les enjeux de ce Centre généraient des liens entre les gens, ce qui permettait sans nul doute la redynamisation de la Ville de Lessines et des environs.
J’avais entendu quelques fois sur une radio bien Rock N Roll connue, que de nombreux artistes adoraient venir dans la région ! Le public y était « à l’écoute » et en redemandait. Chose que tout artiste de ce nom apprécie !

Mon compagnon m’offrit une bière du coin (j’avais le choix !) et après quelques minutes, nous discutions comme si nous nous connaissions depuis des lustres. Il n’était plus à démontrer que la Culture était un vecteur idyllique de bien–être entre les gens. Ce qui attira mon attention, tout particulièrement, furent les gobelets dans lesquels étaient servis les différents breuvages, à l’effigie du Centre. Les poubelles également, indiquant les déchets qu’elles pouvaient accueillir, etc… Tout semblait être organisé dans l’esprit du Développement durable, si cher à mes valeurs également !

Il fallut cependant se quitter et je rejoignis ma camionnette alors que le soir tombait déjà, me promettant de me rendre sur le site du Centre et de revenir pour goûter aux plats concoctés par son Directeur et toute son équipe, amateurs de mets variés et de choix !

La semaine passa très vitre, entre les contacts à établir avec mon nouvel employeur, la prise de connaissance du lieu de mon travail et les procédures à lire et à appliquer. Je me retrouvai très vite le vendredi soir. J’avais remarqué qu’il y avait toujours quelque chose à faire, à vivre, qui s’organisait quel que soit le jour du week-end. L’activité de Lessines et de ses villages était ardente, tout comme le cœur de ses habitants.

Je découvris ainsi que des artistes locaux y foisonnaient, tant au niveau de l’écriture, de la musique que de l’expression. Un lien fort et important unissait les diverses associations. Quelle que soient leur tendance politique ou idéologique, il existait une volonté forte de travailler ensemble et surtout de donner la possibilité à tous de s’exprimer au travers de son art quel que soit l’âge des participants. En effet, la jeunesse n’était pas en reste, et supportait, très jeune, les valeurs de la Culture, du Folklore et du milieu d’Expression artistique par le biais des activités scolaires et autres.

Carrières de porphyre

Le site internet du Centre me permit de me rendre compte que la frontière linguistique si proche de la Ville, était totalement étrangère aux liens existants entre les communautés. En effet, tous, francophones comme néerlandophones avaient une place de choix dans les divers spectacles, concerts, etc.. L’agenda était varié et se retrouvait « connecté » par des articles ciblés expliquant la vie de la région. Il eut fallu être aveugle et sourd pour ne pas se rendre compte de la volonté extrêmement active de l’équipe en place !

Jour après jour, semaine après semaine, je commençais sérieusement à me sentir devenir « lessinois », moi le « brusseler » d’origine. Mes craintes étaient passées à la trappe car chaque semaine, de nouvelles possibilités de spectacles, d’arts de la scène s’offraient à moi ! J’eus même la bonne idée d’inviter quelques amis à venir s’en rendre compte lors d’un festival de musique où tout était lié au bien-être familial et musical, où tous se rencontraient, bavardaient, échangeaient des idées dans de bonnes vibrations musicales et gustatives !

Peu à peu, l’idée d’y demeurer devint une évidence qui s’imposa à moi et depuis plus de dix ans où je retrouve tous les week-ends (ou presque) la joyeuse bande du Centre culturel, je n’ai jamais regretté mes choix de vie. De plus, des projets de création d’une salle de spectacles et d’un club sur le site du Moulin Williame va constituer un espace ouvert encore plus grand pour l’activité musicale, les rencontres, les cycles de conférences et de débats, jusqu’à la mise en place d’un studio d’enregistrement. Sans oublier, bien sûr, et je sais que cela tient à cœur à nombres d’entres nous, une proposition de restauration en continuité, axée sur des produits locaux.

Oui, il fait bon vivre dans l’entité lessinoise, le tout, comme dans toute chose, est de s’y intéresser, d’y goûter et d’y participer ! Encore un peu d’incrédulité ? Je vous invite dès lors à vous rendre sur leur site : https://www.ccrenemagritte.be/

A bon entendeur….

Cathy MARCHAND – van den Daële – Auteure