A quelques jours de Noël et Nouvel An, vous sentez-vous imprégnés de l’ambiance de ces fêtes qui bercent les derniers jours de l’année ? Avez-vous l’impression d’entrer dans une période où les gens se sentent meilleurs et animés des plus louables intentions vis-à-vis de leurs semblables ? Au vu des atroces récents événements qui ont touché Paris et d’autres endroits de la planète, peut-être pas. Quoique les élans d’hommages et de solidarité qui s’en sont suivis marqueront peut-être le début d’une ère nouvelle. Les semaines et mois à venir nous en diront plus sur l’état de santé du monde.
Mais permettez-moi pour quelques instants de revenir à l’origine de ces lignes : je veux parler du détournement honteux des classiques plaisirs décoratifs et gastronomiques qui accompagnent ces moments « hors du temps ».
Je sais, vous allez me dire que je suis un vieux ronchon qui ne vit pas avec l’évolution de son temps ; un de ceux qui aiment à penser que c’était mieux avant, que le monde tourne trop vite et mal. Eh bien, oui ! En ce qui concerne nos traditions, – et je ne donne absolument pas à ce terme un sens figé et réactionnaire – oui, nous sommes sur la mauvaise pente. Celle de la perte de sens et de fond au bénéfice du profit commercial à outrance. Imaginez qu’en septembre j’ai relevé dans ma boîte aux lettres un catalogue consacré à Saint Nicolas ; qu’en octobre apparaissaient dans certaines grandes surfaces des « Marchés de Noël », offrant en surnombre des décorations lumineuses ou non, des boules pour le sapin artificiel et tutti quanti. A la fin du même mois une enseigne bien connue de mon quartier proposait des
« Cougnolles ». Sous le justificatif « spécialité wallonne » on veut nous faire acheter un produit totalement hors d’époque de consommation. Amusant et inquiétant que l’argument du terroir qui sert de fer de lance aux nombreuses campagnes « Mangeons d’ici et de saison», se voit utilisé à contremploi pour justifier un achat hors propos… non, la cougnolle d’octobre ne peut pas avoir la même saveur qu’à Noël. Et j’ai gardé le meilleur pour la fin! Le 12 novembre j’ai repéré dans le rayon d’un géant de la distribution une bûche de Noël…vous avez bien lu…une bûche de Noël. Je n’ai même pas voulu vérifier la date limite de consommation. On ne sait jamais qu’elle soit garantie jusque fin décembre, shootée de l’un ou l’autre puissant conservateur . On voudrait tuer le sens de ces périodes festives, on ne s’y prendrait pas autrement. Et dans la foulée en étouffant encore un peu plus, dans le cas qui nous occupe, nos artisans-boulangers. J’en ai pointé certains qui embrayent le pas au risque de déconcerter des clients qui ne savent plus à quel saint se vouer. Le monde tourne mal et il ne tient qu’à nous d’apporter notre petite pierre à sa consolidation. Si en ces jours à venir nous remettions l’humain au coeur de la fête ? Une petite attention, une visite, des moments partagés peuvent faire plus de bien que le gros cadeau rutilant que l’on mettra de côté ou pire que l’on revendra sans vergogne quelques jours plus tard via le Net.
Et si vous invitiez famille ou amis à un bon spectacle qui remet l’essentiel au coeur de la réflexion ?
Le Centre culturel vous propose le samedi 12 décembre une veillée-contée dont il a le secret. Un volet spectacle avec Pépito Mateo dans « Sans les mains et en danseuse ». C’est l’histoire d’un petit garçon qui quitte la maison familiale avec l’ancien vélo du facteur, les sacoches remplies de biens qui ne lui profiteront jamais. Jusqu’où devra-t’il les vider pour atteindre l’âge prétendument adulte ? Entre humour et poésie, l’auteur nous touche au coeur
Et côté cuisine, au menu, des produits dignes d’une vraie table de fête : cuisse de canette aux châtaignes, quiche au saumon et chaource, agneau de sept heures ou encore sabayon au champagne.
Eric Rié