Esox Lucius, un nom (savant) de prince pour le roi de nos cours d’eau. Le brochet est aujourd’hui omniprésent dans la Dendre, alors qu’à l’instar de la perche, l’invitée du précédent Pavé, il en était totalement absent il y a quelques années. Parce qu’à chaque automne, au moment de la mise en route de la sucrerie de Brugelette, le taux d’oxygène de la rivière descendait en-dessous du minimum vital.
C’est un prédateur qui chasse à vue et les nombreux gardons, perches ou goujons de la Dendre payent chèrement son expansion récente… mais aussi les petits brochetons, car notre seigneur est cannibale. C’est la loi de la nature et la norme d’un milieu équilibré.
Il a le ventre blanc alors que son dos varie du vert au jaune. Sonc corps fusiforme lui permet de très rapides accélérations pour fondre sur les proies qu’il repère à vue. Et sa bouche est pavée d’environ 700 dents bien acérées.
C’est LE poisson de sport de nos pêcheurs de carnassiers. Sans avoir la finesse de la perche ou du sandre, sa chair est appréciée. Mais le pêcheur moderne s’empressera de remettre sa capture vivante à l’eau. Et c’est très bien ainsi, d’autant plus que ce carnassier est «bioacumulateur» : il vit longtemps et au sommet de la chaîne alimentaire, si bien qu’il stocke métaux lourds et pesticides.
Ce qui est remarquable au niveau de la Dendre lessinoise, c’est que le brochet s’est installé de manière importante en très peu de temps. Des individus qui passent le mètre hantent aujourd’hui les méandres. La quantité de nourriture de la rivière et les nombreuses frayères que constituent les herbiers peu profonds ou les fossés qui jouxtent le cours d’eau expliquent ce succès. Et la Dendre est peut-être aujourd’hui un de nos plans d’eau publics les plus riches en grands becs…
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Frédéric Maréchal
& Gérard Thèves