Cela pourrait être le titre d’un livre qui sentirait bon la joie, le bonheur, les sentiments sucrés comme le sont les bonbons. Parce que ce mot, je l’ai coupé en deux syllabes. Si par contre, je les rapproche, cela devient le mot «morose». Comme la couleur du ciel en hiver, comme le froid que l’on ressent aux premiers frimas, comme l’envie de rester couché, de ne pas ouvrir les tentures, de rester cloitré entre ses quatre mûrs. Parce qu’on n’a pas envie de voir ce qu’il se passe à l’extérieur, d’ouvrir la télévision et d’entendre toutes les catastrophes annoncées ou pas. La morosité gagne du terrain et c’est certain qu’il faut avoir la force de se secouer pour tenter de ne pas y tomber, de ne pas se faire manger tout cru par ce gouffre immense. Il y a ceux qui se plaignent du temps, du prix de l’essence, du froid qui arrive, du mal être, des conflits de plus en plus proches. Tout cela est vrai. C’est un fait et je ne le nie pas.
Cependant, réfléchissons et mettons les choses bout à bout. Face à cette morosité, il y a la joie d’ouvrir les yeux chaque matin, de sentir la première goulée d’air dans ses poumons, de s’étendre comme un chat avant de se rendre à la salle de bain, de prendre une douche chaude avec son gel parfumé préféré. On appuie sur le bouton de la cafetière et le café coule et rempli la pièce de son odeur rassurante. Le pain grille doucement et embaume. Le départ au travail dans sa voiture. Le voisin qui promène son chien et qui vous salue en souriant. Les collègues qui eux aussi déposent leur manteaux de problèmes et qui tentent d’oublier durant ces huit heures les soucis du quotidien. La pause de dix heures et le petit rigolo de la bande qui raconte la dernière blague lue sur Facebook. Le déjeuner concocté avec les restes de la veille ou le sandwich fromage jambon qui semble bon aujourd’hui, parce que le soleil a crevé les nuages et qu’il réchauffe la chaise sur laquelle vous êtes assis.
L’heure de quitter le bureau et de penser au repas du soir, de retrouver ceux que vous aimez et de savoir qu’eux aussi seront ravis de vous voir, de vous raconter les petites choses du quotidien de leur journée. Il y aura le moment tant attendu où vous fermerez les volets pour vous retrouver en famille avec le chat ou le chien qui réclame sa pattée. Il y aura le moment disputé où il faudra décider qui sortira la poubelle. Et si pour une fois, on laissait la télévision muette et que l’on sortait le jeu familial, celui qui fait rire tout le monde en mimant le titre d’un film. Si après cela, on se mettait en pyjama après un bain aux accents de lavande parce que la lavande, c’est bien connu, ça détend. Et puis les projets pour la fin de la semaine prochaine et le souper prévu avec les copains. Petit train-train banal me direz-vous mais oh combien salvateur contre le sentiment dont je vous ai parlé au début de ce texte. La vie est un bonheur dès le départ parce qu’elle nous est donnée chaque jour. Pourquoi ne pas tenter de la rendre meilleure en la voyant d’une façon nouvelle, en y croyant encore, en se promettant que la prochaine fois que l’on aura une pensée négative, on l’étouffera avec un sourire décoché à un passant. Faisons-nous plaisir en prenant soin de nous, de notre monde, de nos émotions. Cela vaut la peine. Et même si mes mots n’auront qu’un faible échos, peut-être auront-ils eu le pouvoir de vous faire passer une minute d’oubli.