Les ateliers cuisine du CC René Magritte ou l’absolue nécessité de la rencontre - Le Pavé

Les ateliers cuisine du CC René Magritte ou l’absolue nécessité de la rencontre

Cela fait maintenant dix ans que le CC René Magritte organise à Lessines des ateliers cuisines. Ceux-ci sont traditionnellement ponctués d’un banquet préparé par les participants pour la population. Nombreux sont ceux dans la population qui, par ce biais, ont trouvé les chemins des autres activités proposées par le centre culturel. Ces rencontres culinaires sont des moments de convivialité, d’épicurisme, de bonne humeur. Mais pas seulement…

Les ateliers cuisine sont avant tout des rencontres humaines qui deviennent aujourd’hui plus importantes que jamais. A Lessines comme partout, les avis et réflexions fleurissent à propos des gens issus d’autres cultures, réfugiés syriens en tête. Ces réflexions peuvent choquer, et elles sont en effet choquantes. Elles n’émanent cependant pas toutes d’individus mal intentionnés. Elles sont souvent le fait de gens normaux, souvent bien sympathiques, et témoignent à la fois de craintes et d’ignorance. Nos régions ont été peu sujettes aux brassages culturels. Cela n’aide pas à vaincre les a priori. 

Alors, ces moments partagés lors des ateliers cuisine peuvent, à leur modeste échelle, combler ces manques, créer du dialogue et des rencontres, donner des clés pour le vivre ensemble. 

Roya Mahdian et Wajiihah Abdoolsattar

L’activité a débuté un peu par hasard i y a dix ans, pour célébrer 50 ans d’émigration italienne en Belgique. Nous avions à cette occasion confié nos fourneaux à Marinella Iacobucci, qui est revenue deux ans plus tard. Il y a peu, Franco Alemo venait nous entretenir des petits plats de la Sicile, mais aussi de son parcours d’intégration à La Louvière, des raisons qui ont poussé ses parents à quitter leur terre natale, des difficultés financière des débuts. Alors que Marinella nous avait éclairé sur le parcours de ses parents et sur l’action menée par son mari Saverio pour les droits politiques des émigrés, mais aussi pour les ponts culturels entre l’Italie et la Belgique. 

Avec Eser Baysal, c’est une femme turque moderne, au charisme incroyable, une chef d’entreprise, une grande animatrice de l’intégration des femmes turques dans notre société, une prof de langues à Marie Haps… et avant tout quelqu’un qui a fui le coup d’état turc de 1980 que nous avons côtoyée. Une femme moderne, engagée socialement, active économiquement, aux antipodes des représentations communément admises par le citoyen lambda.

D’autres réfugiées politiques ou de guerre ont ainsi comblé les papilles des Lessinois. Avec Roya Mahdian, c’est un visage surprenant de l’Iran, et pourtant bien conforme à la réalité, que nous avons pu connaître. Et que dire de Sareth Kath, dont la famille tout entière partage aujourd’hui les activités du centre, et bien souvent de manière activé. Une famille qui a fui l’enfer des Khmers rouges. 

Tous ces gens ont quitté leur pays. Pourquoi? Par facilité? Pour profiter des largesses d’un système belge? Non ! Parce qu’il était impossible de continuer à vivre chez eux. Ils aimaient leur pays, mais ils n’avaient pas le choix. 

Tous ces animateurs ont tissé des liens humains avec nous. Ils ont été les meilleurs ambassadeurs de leur pays, de leur culture. Ils nous ont donné des repères. Et tout ça inconsciemment, en partageant des petits plats…

Alors, en ce début d’année 2016, c’est la gastronomie syrienne que nous visiterons. Avec un nouvel arrivant chez nous. De quoi s’ouvrir l’appétit, mais avant tout l’esprit.