De tous nos poissons d’eau douce, c’est peut-être celui qui a le plus grand capital sympathie. Et c’est vrai qu’il a une bonne bouille avec sa grande tête, sa bouche inclinée vers le bas et ses deux grandes moustaches. Des attributs qui indiquent bien qu’il cherche sa nourriture en fouillant les fonds. Et côté nourriture, c’est l’omnivore par excellence : son régime est fait de débris végétaux et de larves, avec un penchant affirmé pour le ver de vase.
Son corps «en forme de cigare» est orné d’écailles argentées, avec des accents plus verdâtres sur le dos et des reflets beutés sur les flancs.
Ce cyprin ne dépasse guère les 15 cm et les 30 g. Il vit en bande. Poisson fourage par excellence, il se protège des prédateurs en se rapprochant des berges.
S’il peut vivre en eaux stagnantes, il lui faut du courant pour se reproduire et prospérer. Il est sensible à la pollution et est donc considéré comme bio-indicateur de la qualité des eaux.
On le pêche à proximité du bord avec une canne très courte. Quand il est sur la place, les captures se succèdent. Tout cela en fait LE poisson du jeune pêcheur. Il est particulièrement bien représenté dans notre Dendre lessinoise, dont le biotope lui convient à merveille. Sa densité a cependant diminué ces dernières années. Une diminution de la qualité des eaux? Non. Au contraire. Il paye le tribut au développement du brochet dû à la diminution des pollutions ponctuelles.
Côté fourchette, il passe pour une délicatesse en friture. Mais franchement, manger un goujon, c’est manger un ami. Donc, que les jeunes pêcheurs le laissent nager…
Gérard Thèves et Fred Maréchal