A la mi-mai, avec les premiers rayons du soleil qui s’exposent pendant plusieurs minutes d’affilée (il était temps !), les dames sortent les jupes légères sur une chanson de Souchon et les hommes exposent leur casquette sur la nationale 7. C’est l’été qui est enfin en tête d’affiche.
Pour les velours rouges des salles obscures, c’est aussi le début d’un moment de répit. Désormais, les fesses bien taillées de leurs visiteurs occasionnels iront se poser sur des gradins extérieurs ou dans les vertes prairies de nos campagnes.
C’est qu’en été, Mesdames et Messieurs, les spectacles retrouvent leurs premières amours : l’air et le vent. Et avec eux, les artistes qui ont choisi de battre le pavé parce qu’il est chaud.
C’est qu’en été, Mesdames et Messieurs, les artistes de rue reprennent leur itinérance, retrouvent les sillons tracés les années précédentes par leur dernière tournée et s’en écartent un peu pour aller porter leur art ailleurs.
Pendant l’hiver, ils ont combattu le froid pour pouvoir livrer aux chaleurs estivales leurs dernières créations et les confronter au public. Ils ont combattu la fourmilière administrative pour expliquer que pour être au mieux de leur art, il leur fallait se poser mille questions sur la marche du monde, qu’ensuite il leur fallait répéter des heures et des heures leur technique pour pouvoir exprimer le résultat de leur réflexion. Que « oui, Messieurs les inspecteurs de ceci et de cela, c’est notre métier que d’être artistes, comme le vôtre est d’inspecter ». Beaucoup ont profité de leur hiver pour enseigner, transmettre leur savoir-faire, bien-sûr, mais aussi leur savoir-être. Savoir-être au monde en écoutant son chant qu’une brise légère transporte jusqu’aux oreilles de celui qui veut bien l’entendre.
L’été, c’est le temps des festival de théâtre « en rue » (ou « de rue », une nuance que vous choisirez de faire. Ou pas !). Récemment les Sortilèges à Ath (vous y étiez, malgré la pluie, bravo !), puis le lendemain à Namur, pour un Namur en Mai entièrement porté par un collectif artistique de furieux (croyez-moi, j’y étais). Et au fil des semaines qui viendront, Nassogne, Vielsalm, Berchem-Sainte-Agathe, Jette, Chassepierre, Soignies, Ecaussines, La Louvière, Engis, Saint-Josse, Bruxelles, Stavelot, Spa et plus loin encore, Avignon, Chalons, Aurillac… Enfin bref ! Si vous passez par une de ces villes, faites-leur un petit sourire discret, à ces mal rasés, à ces débraillés qui hantent les allées des festivals côté « entrée des artistes ». Parce que soyez-en sûr, pour l’heure, ils sortent de derrière leurs décors pour vous offrir le plus beau des spectacles : celui de la vie en mouvement. Vous ne le verrez nulle part ailleurs mieux que là, niché au coeur de l’été pour rendre le vôtre plus chaud encore.
A très bientôt sur la route,