Quel ne fut pas mon étonnement en lisant, il y a quelques jours, la nouvelle orthographe. Ma mère, Premier Prix de français dans sa jeunesse et institutrice de son état, doit se retourner dans sa tombe. Elle, pour qui, l’orthographe était un hommage à la personne à qui l’on écrivait, une sorte de passe-partout qui ouvrait les portes du savoir. L’orthographe est bâclée, la grammaire oubliée, nous sommes à l’ère du «jem’enfousdetout». Eh bien, NON, je vous rassure, tout le monde ne s’accorde pas à cela. La langue française et la lecture sont des chemins vers l’instruction. Nos bibliothèques regorgent d’ouvrages fabuleux et quelle richesse que de savoir tenir une plume afin de correspondre avec la lointaine cousine ou l’amoureux imaginaire. A l’heure où les tablettes font concurrence à l’odeur chérie de l’encre sur le papier, et où nos enfants s’initient à l’écriture phonétique, que j’apprécie ouvrir un livre, le respirer, l’écouter «vivre» au fil des pages qu’il me livre. Je le respecte comme une personne venue me murmurer son histoire au travers de son auteur. Lettres après lettres, mots après mots, le fait de lire, tout comme l’écriture, est une science dans laquelle on se projette et avec qui nous nous livrons à de savants accords appris dès notre enfance. C’est l’héritage respectueux que je veux léguer à mes descendants. Je ne dénie pas l’évolution merveilleuse de nos sciences soi-disant exactes, je m’y fie dès qu’elles fonctionnent. J’ai moi aussi, un ordinateur, une tablette savante qui me rappelle l’heure de mes rendez-vous et un cellulaire (entendez GSM) qui me permet de communiquer avec mes amis. Cependant, je les utilise avec parcimonie, voir méfiance. Les ondes qui envahissent notre cerveau et font tourner en compote nos pauvres cellules, pourraient, dans quelques années, apporter plus de dégâts qu’il n’y paraît. Alors, revenons à cette merveilleuse invention, venue de la nuit des temps, celle de l’écriture. Rappelons nous l’âge où la communication se transférait par des dessins au charbon de bois sur les murs des grottes. L’homme au sens large a toujours voulu écrire son histoire, laisser une trace de son passage sur la terre. Les ondes ne savent pas se tenir en main. Tandis qu’une feuille de papier reste comme une marque de notre histoire. Notre bibliothèque Louis Scutenaire fêtera bientôt ses quinze années d’existence. Quelle merveilleuse idée d’emmener les jeunes générations à un voyage initiatique vers la lecture. Peut-être que parmi elles se tient la nouvelle Comtesse de Ségur, un surprenant Baudelaire ou un incroyable Hemingway. Réapprenons à tenir un livre entre nos mains, à faire travailler notre imagination. Voyageons au travers des mots, embarquons vers des destinées lointaines d’un livre de Jules Verne. Revenons vers ce qui est et qui restera et pitié arrêtons de nous faire du mal à tenter de jouer l’original en maltraitant les lettres et les mots.
Cathy Marchand-van den Daële, Auteure