Brasseries d'antan... - Le Pavé

Brasseries d’antan…

Dans notre région, on boit de la bière depuis l’époque gauloise. Dans notre Hainaut féodal, la brasserie était un privilège seigneurial (tout comme l’étaient le moulin et le four). Il est rapidement autorisé aux bourgeois de posséder leur propre brasserie en échange d’une taxe. Les brasseries dès lors ne cessèrent de se développer. On peut dire qu’il en existait dans chaque village, la plupart du temps familiale et souvent attachée à une ferme.

Les anciennes brasseries de l’entité.

La Brasserie Boone en 2020, sise sentier de la Vignette.

Au 18è siècle, à Bois-de-Lessines, existence de « La Brasserie d’Alost » à la rue de Gages et au château de Lestriverie (Brasserie à la basse cour) ; deux brasseries à Ogy et une brasserie à Wannebecq (non identifiées). 

A Ollignies, la « Brasserie Dubois » existait déjà au 18è siècle. et cessa toute activité en 1924.

A Deux-Acren, on dénombre dès le 19è siècle, la « Brasserie de Landtsheer » dont l’activité aurait cessé avant la 1ère guerre mondiale et la brasserie de « L’Avenir » qui n’aurait fonctionné qu’en 1926.

A Ghoy, la « Brasserie l’Espérance » créée au milieu du 19è siècle, cessa de brasser en 1954.

Au 19è siècle, outre la brasserie de l’Hôpital Notre-Dame à la Rose (dont on trouve trace d’un conflit avec la corporation des brasseurs en 1662), il existait quatre brasseries à Lessines. Au début du 20è siècle, on recense les brasseries « le Progrès » (1842-1936), « l’Excelsior » (18è siècle-1961), « la Populaire » devenue « La Sociale » (1882-1946), « le Canton » (1897-1925), « van Geersdaele » (18è siècle-1922), « Saint-Antoine » (1907-1931), du « Bas-Pierroir » (1907-1922) et « Boone » (19è siècle-1961).

La Brasserie du Progrès dite « du Massif ».

Situé Impasse des Brasseries, c’est certainement le bâtiment de brasserie le plus connu des lessinois. Érigé en 1842, en bord de Dendre, il a toujours été géré par la famille Notté. Louis Notté, maître-brasseur (1862-1871) était connu sous le sobriquet ‘l Massif à cause de sa corpulence. La brasserie du Massif sera ensuite connue sous le nom de « Brasserie Anglaise NOTTE-MOLLET ». Réputée pour ses Pale-Ale, son Scotch-Ale, l’Impérial Stout et sa Saison, elle obtient en 1889, la médaille d’argent à l’Exposition Universelle de Paris. En 1912, l’établissement est constitué en Société Anonyme « Brasserie du Progrès ».

Le bâtiment actuel a été construit en 1920 sur l’ancien site brassicole. Cette brasserie utilisait le système « à pesanteur » : le grain monté au dernier étage, germait sur place avant d’être torréfié dans des silos à l’étage du dessous ; les bacs de brassins se trouvaient encore un étage plus bas et  enfin, il y avait le silo de brasserie qui était en plein milieu de la grande salle. 

Le bâtiment est aujourd’hui propriété du sculpteur Xavier Parmentier qui en a fait son atelier créatif. « Quand j’ai racheté la brasserie, il ne restait plus rien des installations. Il reste des cuves en béton dans le sol qui contiennent de l’eau très propre et très pure ; je ne sais pas si il y a un système de filtrage ou une source. Tout le système fonctionnait à la vapeur grâce à de grosses chaudières en acier riveté.  Quand la brasserie à cessé ses activités en 1936, les cuves ont été revendues. Un trou a été percé côté Dendre pour les charger directement sur des péniches : les traces sont toujours visibles dans le mur. Ce qui est formidable, c’est qu’il y a des inscriptions de formules, de quantités, de recettes pour fabriquer des bières inscrites au crayon sur les murs qui, avec le temps, sont complètement fossilisées sur les murs. Je n’ai pas voulu les enlever et je les ai conservées tel quel. Ce qui est génial, c’est qu’on pourrait s’amuser à reproduire une recette avec les produits inscrits sur les murs. Il y a 10 ans, j’ai organisé, ici, des soirées pour mettre en évidence des artistes et des musiciens. L’idée germa alors de créer une bière. Le projet était en discussion avec l’échevin de la culture de l’époque, Pascal Delbecq, qui avait réalisé une micro-brasserie pour ses élèves à l’école des Purleux à Ath. Malheureusement, cela ne s’est pas concrétisé suite à son décès. J’avais toutefois toujours l’envie de développer une petite brasserie sur place et puis, la vie m’a amené à venir brasser à Bois-de-Lessines », nous confie Xavier. Mais cela est une autre histoire…


Étiquette d’une bière de la Brasserie L’Espérance de Ghoy

Etiquette d’une bière de la Brasserie l’Excelsior de Lessines

Pour en savoir plus : Cercle d’Histoire de l’entité lessinoise (CHEL), « Bières et brasseries dans l’entité de Lessines, 1992, n°633 & https://www.jacquestrifin.be/etiqanciennes/etiqanciennes-hainaut/brasseries-hainaut.php