Les fabuleuses années soixante — d’avant Mai 68 — s’attardent dans les pages des Marabout Flash… Qui se souvient de cette collection qui offrait à ses contemporains les secrets du bonheur quotidien ? Deux comédiens, au théâtre J-C Drouot ce 28 janvier, nous plongent dans l’ambiance de cette encyclopédie vintage du savoir-vivre. A méditer avec curiosité… et second degré.
Rattachées aujourd’hui au groupe Hachette, les éditions Marabout ont vu le jour à Verviers en 1949. Dix ans plus tard, elles se singularisent par la publication de guides pratiques au format carré très typé : ce sont les Marabout Flash.
Cette collection, devenue culte, verra se succéder quelque 500 ouvrages de 1959 à 1984 :
Les 200 premiers titres surtout continuent de frapper notre imagination. On y retrouve M. et Mme Flash, sur des couvertures plus évocatrices les unes que les autres.
Ce couple « modèle » témoigne d’une époque ! « Celle de notre enfance, aussi dorée qu’une certaine Belgique d’alors ; celle des cadeaux Bonux, de « Bonne nuit les petits », des tourne-disques et des danses yé-yé ! », observent les concepteurs du spectacle.
Tandis que des conflits meurtriers font rage — guerre du Vietnam, guerre froide… — les sixties restent empreintes par un climat d’euphorie illustré par le babyboom, le plein emploi, l’émancipation de la classe moyenne…
La course au bonheur semble sans fin. Les médias, de l’affichage urbain à la télévision, en passant par la radio et la presse magazine ont bien saisi alors le potentiel d’une société de consommation en plein développement. Les objectifs du marketing flirtent avec le milieu de l’information.
Les éditions Marabout Flash l’avaient bien compris en 1959 en puisant dans l’air du temps les thématiques de leurs premiers guides. « Nous recevons: du dîner de famille au cocktail»; « Je peins ma maison », «Je conduis mieux » ; ou encore « Dansons : de la valse au cha-cha-cha… », « Mariage réussi », « Nous étions timides »…
On a du mal à croire cinquante ans plus tard que ces conseils et vérités qu’ils véhiculent étaient pris au sérieux, tant ils semblent un tantinet désuets, voire complètement ringards, tellement loin de la réalité contemporaine qu’ils en deviennent risibles. Pourtant les chiffres de vente étaient astronomiques !
En 1960, « il fallait boire du lait, manger du sucre (merci « Tirlemont ! »), de la viande et du pain blanc, emporter sa bombe de DDT en camping, et pour la femme, ne plus porter de bikini après 40 ans… » continuent les porteurs du projet théâtral, créé aux Riches claires il y a peu.
Et aujourd’hui ? Il faudrait boire du lait de soja, « manger des graines bio et 5x des fruits et légumes par jour, éviter les laitages, supprimer la viande et le gluten. » Et les femmes deviennent mamans après 40 ans tandis qu’elles s’affichent en monokini à tout âge ‘surtout dans les magazines people!
Et dans cinquante ans ?
Nos vérités actuelles et nos
« recettes du bonheur » seront peut-être aussi risibles que celles des Marabout flash aujourd’hui.
L’héritage des Sixties invite à se méfier des recommandations que les médias ânonnent et des lobbies actuels, dictant comment il faut manger, s’habiller, se chauffer, communiquer, se détendre.
Comme l’a dit quelqu’un d’autre avant-nous : « Y est pas marqué bécasse ici ».
A chacun de tirer les plaisirs et l’enseignement de l’ère Marabout Flash ! Le vintage en prime.