Il représente bien souvent la première capture du jeune pêcheur. Qu’on l’appelle « roche », « rousse » ou encore « roussette », le gardon — Rutilus Rutilus — est le roi de nos eaux. Membre de la famille des cyprinidés, au même titre que la carpe ou la brème, le gardon est affublé d’une belle robe argentée. Son corps est long et sa bouche horizontale. Ses nageoires tirent vers le rouge. Son cousin le rotengle lui est très ressemblant : il a un corps un peu plus haut, une robe dorée et une bouche orientée vers le haut.
Dans la Dendre, gardons et rotengles abondent, alors qu’à d’autres endroits, ils sont en régression. On estime que la Meuse liégeoise a perdu plus de 80% de sa population ces 15 dernières années.
Alors, pourquoi une telle réussite dans la Dendre ? Premièrement, la Dendre offre avec ses petits affluents, ses fossés adjacents, ses bordures peu profondes plantées de roseaux de nombreuses frayères de premier ordre. Ensuite, la Dendre semble moins victime de certains prédateurs
« nouveaux » à qui on attribue (trop souvent ?) des massacres de gardons : le cormoran et le silure.
Mais aussi, la Dendre reste un cours d’eau très chargé en matières organiques. Donc, pollué. Et le gardon s’accommode bien d’une légère pollution, d’autant plus que la charge organique apporte les nutriments nécessaires au développement de sa chaîne alimentaire. Des eaux plus claires lui seraient moins propices et il serait partiellement remplacé par d’autres espèces. Donc, gardons et rotengles dans notre Dendre lessinoise, c’est bien… mais cela témoigne aussi d’une qualité d’eau améliorable.
Dernière petite réflexion, histoire de terminer par une note positive : nos gardons servent de réserve alimentaire à deux espèces en plein boum dans la Dendre : la perche et le brochet. Nous en reparlerons…
Gérard Thèves et Fred Maréchal