On le connaissait par sa silhouette particulière, petit homme un peu rond, à la démarche rapide et décidée, avec, souvent, un cabas à la main. Il étonnait par sa voix, ses gestes parfois retenus, parfois plus francs. Mais ce qui était étonnant, c’était son regard : des yeux d’enfant étonné d’être parmi un monde d’hommes. Des yeux remplis d’espoir et de gentillesse. Il savait être moqueur, de temps en temps, mais jamais méchant ! Il était dans la retenue, lorsqu’il ne connaissait pas la personne devant lui, mais une fois que la barrière était tombée, il devenait intarissable sur lui, sur ses expériences de vie à sa mesure et très souvent, tous le trouvaient très sympathique.
Il était connu par le sobriquet de « JEAN-JEAN ». Il s’appelait Jean Daumerie.
J’ai un peu hésité avant d’écrire sur lui et puis, comme « poussée », j’ai décidé de le faire. J’ai connu Jean sur la place de Lessines. Sa bonhomie m’a de suite été amicale. Régulièrement, lors du marché, le samedi, on le croisait. Lors de ses nombreux « coups de mains » aussi aux diverses associations lessinoises, qui peu à peu sont devenues ses « familles de cœur ». On pouvait le rencontrer, un plateau à la main, desservant les tables sans jamais se plaindre et souvent, le sourire aux lèvres, s’appliquant à faire rire les convives, même si ceux-ci le connaissaient peu, régalant la compagnie d’une petite anecdote de son cru. Dans les mouvements de jeunesse, comme le Patro d’Ollignies, lors des Mad Caddies, déguisé en douche ambulante, le micro à la main, la bonne humeur était au rendez-vous. Car Jean avait un cœur énorme… Etrange alors, que celui-ci l’ai « lâché » d’avoir peut-être trop aimé la vie… Mais Jean, c’était aussi, un travailleur : ouvrier dans une entreprise de Leuze-en-Hainaut. Avec lui, je faisais la route, quand aucun moyen de locomotion ne lui permettait de se rendre à son travail. Alors, on s’organisait et je le prenais en voiture, avec moi, pour faire le chemin. Toujours à l’heure, même très souvent, à l’avance, il était heureux de pouvoir « faire sa journée » comme il disait, retrouver ses copains et surtout se rendre utile. Car c’est ça qui le caractérisait : ce besoin d’être simplement présent pour les autres, au risque, parfois de se fatiguer trop intensément. Nos déplacements se faisaient en longues conversations sur l’avenir et jamais, je ne m’ennuyais. J’ai dû lui demander de nombreuses fois, d’arrêter de m’appeler « Madame » pour qu’enfin, au bout de quelques semaines, il le fasse. Jean, c’était aussi le respect qu’il lui avait été enseigné depuis l’enfance et qu’il s’appliquait à mettre en pratique. J’en connais beaucoup qui ont été surpris et ensuite peinés par sa disparition. Une semaine avant son « départ », il s’étonnait encore des messages de prompt rétablissement qu’on lui adressait. Etonné de tant d’attentions, de pensées positives s’envolant vers lui pour lui envoyer l’énergie qui lui manquait peu à peu. Et pourtant, malgré tout cet amour sincère, cette amitié particulière qu’on lui vouait, voilà que le cycle de sa vie s’est terminé. Il restera un énorme vide, lors des prochaines festivités du Cayoteux, du Festin, du Patro, du Centre culturel, etc… Une place qu’on ne manquera pas de saluer par tant d’années de présence et de disponibilité. Lessines a perdu un « grand » petit bonhomme, en ce temps de grâce 2020. Comme un point final à une vie bien remplie, voilà que notre ami Jean-Jean a tiré sa révérence. Rassure toi, Jean, ton souvenir restera intact. Il est temps pour toi de te reposer. Bonne route, Jean-Jean !