Descendons-nous tous de Charlemagne ? - Le Pavé

Descendons-nous tous de Charlemagne ?

Neuf européens sur dix auraient un peu de sang de Charlemagne. Encore faut-il en apporter la preuve alors qu’il est impossible de retrouver la trace de tous ses ancêtres

Pour comprendre ce « miracle généalogique », un peu d’arithmétique s’impose. Je veux calculer combien de mes ancêtres vivaient au temps de Charlemagne. 

Comme tout le monde, j’ai deux parents, quatre grands-parents, huit arrière grands-parents, etc. Si l’on estime à 45 le nombre de générations nous séparant de Charlemagne (747-814), j’ai un peu plus de 35.000 milliards d’ancêtres théoriques contemporains de l’empereur ! 

La théorie s’emballe et on obtient un résultat impossible. Les historiens estiment à environ 8 millions la population de l’an 800.

Les implexes

En réalité, les mariages consanguins réduisent considérablement le nombre de nos aïeux réels. Ces unions entre parents sont nombreuses dans toutes les généalogies. On appelle cela des implexes. Le même ancêtre revient plusieurs fois, souvent à des générations différentes. Cela réduit d’autant le nombre de branches d’un arbre généalogique. 

Les plus célèbres sont ceux de Saint-Louis. Il descend cinq cents fois de Charlemagne dont il n’est pourtant séparé que par 12 générations. Le roi d’Espagne Alphonse XIII avait seulement 111 ancêtres sur 10 générations au lieu des 1024 ancêtres théoriques.

Par les femmes

Le raisonnement est le suivant: avec le phénomène des implexes, je descends probablement de chacun des 8 millions de contemporains de Charlemagne. Donc je descends aussi de l’empereur ! Pourtant, j’ai beau faire ma généalogie en ligne directe et je ne tombe que sur de modestes laboureurs… Erreur classique ! 

Aucun généalogiste n’a encore réussi à retrouver la totalité de ses 1024 ancêtres à 10 générations. Le champ d’investigation est vaste. A chaque génération, une nouvelle famille, celle de la mère vient ajouter les siens à la longue liste de nos aïeux. Et sur ce potentiel, l’un est forcément issu d’un autre milieu…

Du laboureur à l’empereur

Prenons un couple d’humbles cultivateurs mariés vers 1850. La mère de la jeune femme vient d’une famille d’agriculteurs un peu plus aisés, et la grand-mère était la fille d’un prévôt royal ruiné par la Révolution. Vérification faite, le prévôt avait lui-même épousé vers 1780 une jeune fille issue de riches propriétaires terriens dont la mère était elle-même de la petite noblesse provinciale. 

De fil en aiguille, de noblesse provinciale en noblesse de cour, on arrive à des familles ducales, princières, puis aux familles royales, dont toutes sans exception ont des ascendances carolingiennes. 

Alors, peut-on descendre de Charlemagne ? Oui, mais encore faut-il le prouver !

Bruno Eeckhaut
genealogie-lessines.com