Bas les masques ! - Le Pavé

Bas les masques !

En ce temps où la nature nous annonce le printemps, le carnaval renaît partout soufflant les braises d’un
renouveau. Eh oui, le carnaval, ce « plus petit commun dénominateur » de notre humanité sonne à notre
porte comme un patrimoine culturel universel, plusieurs fois millénaires, une fête absolue, païenne,
chrétienne et laïque, un moment d’exutoire, où on s’autorise à chasser les frustrations populaires (à
l’image du « Don Saluste caricaturé par le peuple dans « La Folie des Grandeurs »).

C’est à la fois un moment de célébration des saisons, une exceptionnelle aventure humaine et le point de
rencontre de la liberté de chacun et de l’unité de sa communauté. C’est un désordre organisé dans ce qu’il
efface les limites et fait dépasser toutes les inhibitions.
Il plonge ses racines à Babylone où les « Sacrées » en l’honneur de la déesse Aanaïtis célébraient durant 5
jours le début du printemps et le renouveau de la nature. Durant ce temps, les rôles dans la société étaient
alors inversés, les esclaves prenant la place des maîtres et même du Souverain, un peu comme la fève de
la galette des rois à l’époque romaine désignait un esclave devenant maître lui aussi, l’espace d’une journée.


Près de 3.000 ans plus tard, le déguisement rappelle ce changement de statut et le masque, l’anonymat.
S’ajoutent à cela la musique, la danse, la promiscuité sans compter l’alcool (même en période dite
minérale), l’obscurité de la nuit propice à l’intrigue (comme la Nuit des « Trouilles de nouilles » à
Binche…et parfois le feu (comme le « brûlage des bosses » de gilles) ou les feux de bengale.
Venise, Rio, Nice seraient en quelque sorte le trio de tête.. mais le carnaval est omni-présent sur toute la
planète comme en témoigne le Musée du carnaval et du masque à Binche avec les traditions de chaque
continent, de chaque pays, de chaque région comme ce carnaval de Limoux dans les Hautes Pyrénées, le
plus long au monde..puisqu’il dure pas moins de 3 mois !
Chez nous aussi on sait faire la fête. Dans le Nord de la France, ce sont tous les géants qui sont à l’origine
des carnavals même si de nos jours ils attendent l’été pour enfin sortir. En Belgique, ce sont les Bommels
qui sont les premiers à sortir en ce lundi des Fous. Suivent alors tous les carnavals du Centre, avec en
premier lieu, celui de Binche.

Mais tout cela ne s’improvise pas…il faut bien 6 semaines de « répétitions de batterie », de « soumonces »
pour enfin se préparer aux « Jours Gras » car oui, le carnaval a aussi été marqué par la tradition
chrétienne. « Car-na-val » de l’italien « carne (viande) levare (enlever). Il marque donc le passage avant
l’entrée en Carême le mercredi des Cendres, un temps de jeune de 40 jours avant la Pâque. A l’époque, la
viande était un mets plus cher que le poisson et on s’en privait donc.

Toute la région du Centre et le pays de Charleroi vibreront au son des tambours et des cuivres…mais pas
que. Le Cwarmé de Malmédy, les Blancs Moussis de Stavelot, les Chinels de Fosse évoquent eux aussi ce
carnaval de même que le Rosen Montag dans les Cantons de l’Est.
Et à Lessines? Il semble bien qu’une tradition du carnaval aie existé jusque dans les années 1950,

remplacée ensuite par un grand cortège carnavalesque le premier dimanche de juillet, pour disparaître
ensuite et connaître à nouveau son petit succès grâce à notre service communal Coup de Pouce.

Alors à Lessines, à Binche, à Alost, à La Louvière ou ailleurs encore…bon carnaval !