Ils sont plusieurs millions sur les routes. Et quelques uns à avoir trouvé abri chez nous. A Ath, le bourgmestre s’est fait un honneur d’aller à la rencontre de «ses réfugiés», en travaillant de concert avec les services sociaux. A Lessines, l’accueil de demandeurs d’asile correspond aussi à une réalité qui mérite d’être sortie de l’ombre.
Début novembre, quatorze réfugiés sont accueillis à Lessines. Et treize à Ath, soit la capacité maximale de l’Initiative locale d‘accueil (L’ILA). Sur le terrain, le bourgmestre d’Ath imprime le mouvement. « J’ai annoncé vouloir les recevoir, au nom de la Ville » explique Marc Duvivier. C’est au sein même de la population athoise que des traducteurs sont recherchés. Une famille syrienne vivant depuis une dizaine d’années à Ghislenghien a volontiers joué le rôle d’interprète entre les responsables locaux et quatre de ses compatriotes nouvellement arrivés.
Outre ces Syriens, ce sont surtout des Africains (fuyant le Burundi, le Rwanda, le Mali et “des violences dont on est souvent moins informés”) qui sont arrivés dans la cité des Géants. Tous se sont vus dédier cet accueil à la fois officiel et personnalisé.
“Nous nous sommes intéressés à leur parcours, au lieu dans lequel ils avaient vécu, à ce qu’ils faisaient avant de venir chez nous, mais aussi à ce qu’ils apprécieraient manger… Car un steak frites ne procure pas nécessairement le même plaisir à tout le monde…”
Avant, ils étaient cuistot, agriculteur, avaient d’autres spécialités encore. Selon leurs centres d’intérêt, ces gens ont été mis en correspondance avec des services athois et ont rejoint les Espaces verts, un home… Une manière naturelle de tisser des ponts entre les réfugiés et la population.
« Nous avons souhaité qu’ils découvrent la région et l’environnement dans lequel ils étaient accueillis. Même si la plupart ne seront chez nous que temporairement »… Pour ce faire, des vélos sont même mis à disposition des migrants.
Bref, les autorités donnent le ton, encourageant de part et d’autre le climat de rencontre. Tant pis pour les avis frileux, sinon xénophobes : le bourgmestre préfère constater les importants témoignages de solidarité émanant d’associations et d’habitants. Et souligner que la Ville n’a pas attendu certains échos pour proposer une prise en charge des sans abri.
Dans la cité Magritte, l’ILA (outil local prévu par le plan belge de répartition des demandeurs d’asile et géré par le CPAS) compte deux implantations : rue Magritte, un immeuble avec sanitaires communs abrite neuf personnes. Un appartement rue Freyberg est lui prévu pour une famille, actuellement un couple syrien et ses trois enfants (de 4 à 15 ans). La situation d’urgence rencontrée par l’Office des étrangers a vite été perceptible, selon Axelle Rosier, au CPAS à Lessines. Normalement, dès son arrivée en Belgique, tout candidat à l’asile passe d’abord par un centre d’accueil. Ce n’est qu’après six mois qu’il peut demander à être relogé en ILA, le temps de la procédure. C’’est là, en 2e rang, que les ILA du pays jouent leur rôle.
«Mais l’afflux de migrants est à cette heure tel qu’on nous demande déjà de prendre en charge les réfugiés dès leur arrivée au pays, sans plus attendre la période de transition en centres d’accueil. » De quoi déplorer la décision du Gouvernement, il y a an, de supprimer des places dans les ILA (à Lessines, deux appartements en moins). Visiblement, au niveau politique, personne ne prévoyait telle crise migratoire.
Axelle Rosier travaille, elle, autant en amont qu’en 1re ligne.
« Parfois, l’Office des étrangers téléphone le jour même, pour prévenir que quelques heures plus tard quelqu’un arrivera à la gare de Lessines. » Tout doit alors s’organiser vite pour un accueil approprié, digne et rassurant. Comme à Ath, la responsable lessinoise recherche des “traducteurs” in situ. “Ce sont souvent d’autres réfugiés qui se mobilisent. Ou bien ce sont “les anciens”, ceux passés jadis par Lessines. La solidarité est très forte entre eux, compte tenu du parcours qu’ils partagent, même si avant Lessines, ces gens ne s’étaient jamais rencontrés ».
L’aide matérielle et administrative est prioritaire, à l’instar des questions de santé et de scolarisation. Les enfants syriens ont découvert, chez nous, l’école!
Ce travail, pouvant rester inaperçu, est précieux. Il aide des familles déracinées à reprendre, en val de Dendre, un nouveau départ dans la vie. L’exil finit là où l’hospitalité commence.